Balades au sommet : nos itinéraires préférés pour contempler la campagne autour de Roye

Située au cœur de la Somme, à la frontière de la Brie picarde et de la Picardie verte, Roye séduit par ses paysages doux, ouverts, et ces fameuses “vallées sèches” typiques du plateau picard. On trouve ici un relief discret mais soigneusement dessiné par des siècles d’agriculture : collines rondes, rideaux de peupliers, routes blanches qui serpentent entre vastes plateaux céréaliers et bois touffus.

On y marche pour prendre de la hauteur sur un patrimoine qui a traversé bien des époques – du vieux moulin à la chapelle romantique, en passant par les multiples “blocs” vestiges de la Grande Guerre, bien cachés dans les haies. Mais surtout, on y marche pour le plaisir des panoramas, car la région offre une multitude de points de vue insoupçonnés, dont voici quelques-uns à explorer.

Premier arrêt à moins de 6 km à l’est de Roye : le circuit des moulins, au départ de L’Échelle-Saint-Aurin. Ce parcours de 9 km (boucle balisée PR 13, jaune), alternant petites routes, chemins d’exploitation et sentiers bordés de haies, offre une immersion dans le bocage picard et ses horizons à perte de vue.

• Le point de vue incontournable : Au sommet de la butte des anciens moulins à vent, à l’entrée sud du village (D132). Par temps clair, c’est une vraie toile impressionniste : en été, les champs de lin ou de colza offrent un camaïeu étonnant de bleu, jaune et vert. À l’ouest, la silhouette de Roye se détache, sa flèche d’église dépassant les toits.
• Le petit plus : Si l’on tend l’oreille, par vent d’ouest, il n’est pas rare d’entendre... les cloches ! Car ici, le paysage porte loin, tout comme les sons.
• À savoir : Les anciens moulins, disparus, sont signalés par des tables de lecture installées par la communauté de communes (source : CC Grand Roye). Les enfants adorent y chercher le “vieux caillou” évoqué dans la légende locale.

À seulement 8 km au sud-ouest de Roye, Armancourt attire les amateurs de longues perspectives. Le parcours « Boucle d’Armancourt » (6,5 km), bien cartographié sur le site Randonnée en Somme, oscille entre espaces boisés et rebords du plateau.

• Le point de vue incontournable : Arrivés en lisière du bois à la sortie du village, on découvre d’un seul coup toute la vallée de la Noye, succession de prés humides et de peupleraies : en fin d’après-midi, le soleil rase les cimes et fait “flamber” le panorama.
• Petite anecdote naturelle : C’est ici que se laisse observer, au printemps, la rare pie-grièche écorcheur, qui affectionne les haies épineuses (source : LPO Picardie). Munissez-vous de jumelles !

Un nom qui intrigue : le Chemin des Soupirs. Sur 7 km, ce sentier relie deux villages, épouse la courbe de la vallée et grimpe sur une butte d’où la campagne se voit à 360°. La randonnée débute facilement à Hattencourt (parking à l’église), et offre une immersion dans une portion de plateau un peu moins fréquentée par les cyclistes de passage.

• Le point de vue incontournable : La “table de lecture des Soupirs”, sur le promontoire, révèle d’un côté les plaines céréalières, de l’autre, la tache sombre des forêts d’Amiens en arrière-plan.
• Bonus : On y trouve deux bancs, posés là comme pour regarder un vieux film pastoral dont on ne se lasse jamais.
• Attention au vent : Ici, pas de haie protectrice : la brise souffle souvent fort, typique du plateau picard, qui dépasse parfois 50 km/h lors des rafales printanières (source : Météo France).

C’est l’un des “classiques” bien connus des marcheurs roysiens. Au départ de la petite mairie de Saint-Mard, la boucle du Mont (environ 8,2 km) grimpe sur la plus haute butte du secteur (111 m selon l’IGN — un “col” pour la région !).

• Le point de vue incontournable : Au sommet, une croix se dresse avec, à ses pieds, l’un des plus beaux points de vue sur Roye et toute sa plaine. L’hiver, lorsqu’on distingue mieux les reliefs, la ville paraît “posée” sur un tapis de champs, et l’on mesure alors à quel point elle fut un point de passage stratégique (notamment lors de la bataille de la Somme, 1916 — source : HISTOIRE DE LA SOMME, Xavier Boniface).
• Observation : Par beau temps, on distingue jusqu’aux éoliennes du plateau de Montdidier (visibles à plus de 15 km à vol d’oiseau).
• Petit clin d’œil historique : Le Mont Saint-Mard servait autrefois de repère pour les postes optiques de la télégraphie Chappe (fin XVIIIe), reliant Paris à Lille.

Si c’est le “vert” qui prime dans vos envies de balade, cap au sud-est, sur le plateau Saint-Mard/Labord où se niche le Bois de Fresnes et les sources du Matz. Boucle de 5,8 km à allure tranquille, accessible même en poussette tout-terrain.

• Le point de vue incontournable : Émergence du sentier sur la clairière, au km 3, avec une vue plongeante sur la naissance de la rivière Matz et les douces ondulations du terrain, fierté des botanistes locaux.
• Insolite : Ici, le “bruissement” des sources rivalise parfois avec le chant des oiseaux : le site abrite des colonies de grenouilles rousses, qui peuplent les flaques dès le mois de mars (source : Conservatoire Botanique National de Bailleul).

• Se procurer une carte : La plupart des parcours sont balisés (PR du département), mais une carte IGN au 1:25 000 (réf. 2407 Est - Roye) reste précieuse, surtout en hiver quand la signalétique se fait rare.
• Éviter la chasse : Certaines portions traversent des lots de chasse privée ; privilégiez le dimanche après-midi et renseignez-vous sur le calendrier local (source : Fédération départementale des chasseurs de la Somme).
• Niveau et équipement : Les parcours cités sont de difficulté facile à moyenne : bonnes chaussures et coupe-vent suffisent. Prévoir de l’eau, aucun ravitaillement n’est disponible hors villages.
• Sites utiles : Somme Tourisme et l'application Rando en Somme (cartes, fiches parcours et alertes météo locales).

• Randos nature organisées : Au printemps, la Communauté de communes du Grand Roye propose des balades thématiques dès avril (floraisons, patrimoine caché, observation des oiseaux).
• Rencontres avec les locaux : Sur les sentiers, il n’est pas rare de croiser un agriculteur à l’affût ou un “Ryot” (nom traditionnel des habitants de Roye, source : Archives départementales de la Somme) curieux d’échanger sur les “vraies” curiosités du coin.
• Marchés fermiers : Certains circuits passent à proximité de marchés saisonniers (L’Échelle-Saint-Aurin, Roye). L’occasion parfaite pour une pause ravitaillement gourmande !

Nul besoin de partir loin pour se laisser surprendre par la beauté de notre coin de Picardie. Haltes panoramiques, silhouettes d’arbres au loin, villages blottis dans la lumière du matin : chaque parcours pédestre autour de Roye est une invitation à ralentir le pas, ouvrir l’œil, et se laisser porter. Et si l’on se laisse tenter, il y a fort à parier que ces points de vue donneront envie d’explorer encore plus loin, à la rencontre des mille visages de la campagne roysienne.

Alors, enfilez vos chaussures et laissez-vous emporter sur les chemins. Il y a, tout près de Roye, une multitude de fenêtres ouvertes sur l’infini — il suffit juste d’aller les chercher.

Sources : IGN, Somme Tourisme, Fédération de la randonnée pédestre – Somme, LPO Picardie, Archives départementales de la Somme, CC Grand Roye.