26 septembre 2025
Parfois délaissée au profit de la baie de Somme ou des forêts picardes plus fameuses, la campagne autour de Roye a pourtant tout pour plaire aux marcheurs de tous poils (et de tous niveaux). On compte, sur le secteur Roye/Santerre, près de 80 km d’itinéraires balisés (source : Office de Tourisme du Grand Roye), principalement répartis entre marais, plaine céréalière, coteaux calcaires et hameaux un peu à l’écart. Ici, on ne cherche pas la montagne : on apprécie les longues perspectives, la douceur d’un ruisseau, le vieux tilleul qui sert d’ombre au chemin, ou encore la mosaïque discrète des champs et bosquets.
Marcher autour de Roye, c’est aussi saisir l’étonnante complexité de notre région : les marques de la Grande Guerre, le chapelet des petites églises rurales, les vestiges des moulins, mais aussi la nature qui s’adapte (pas toujours de bonne grâce !) à la modernité. C’est un dépaysement à pas comptés – le quotidien, mais autrement.
Voici un circuit qui concentre l’essence du sud du Santerre : des bois, des talus, d’anciennes voies ferrées… mais aussi le souvenir encore vivace des combats de 14-18. Passé le village de Lihons, la boucle plonge vers le Bois du même nom, classé Espace naturel sensible. On y croise discrètement, au printemps, les anémones sylvie et des chênaies peuplées de chevreuils – et, plus rarement, la superbe orchidée Bouc à la mi-mai, (source : Picardie Nature).
Le Bois de Lihons fut, à l’été 1916, le théâtre d’affrontements violents lors de la Bataille de la Somme (nombreux panneaux sur site). La promenade est ponctuée de stèles et du tout récent mémorial érigé à l'emplacement du Moulin de Lihons. Prenez le temps de lire les noms : ils racontent bien plus qu’un passé tragique, une persévérance du vivant.
Ce petit circuit, à la sortie de Roye, fait presque figure de terrain de jeu des familles locales. Les étangs de Sainte-Radegonde sont une curiosité géographique : d’anciennes ballastières devenues refuge de biodiversité. On y croise hérons cendrés, grèbes huppés, libellules, mais aussi pêcheurs accrochés à leur plombeau, bravant stoïquement la grisaille (source : Fédération de Pêche 80).
La balade alterne chemins gravillonnés, passages sur caillebotis et petits détours ombragés sous les saules. Pique-nique conseillé sur la petite aire aménagée au sud de l’étang principal. Parfait avec des petits, ou pour une pause fraîcheur en été.
On l’appelle ici le “géant du coin” : le Mont Saint-Quentin domine la plaine picarde de ses 97 mètres (Réseau des Grands Sites de France). De là-haut, on s’offre une vue à 360°, qui par temps clair porte jusqu’aux grandes éoliennes de Nesle ! Ce parcours démarre au nord de Roye, à Herleville, sillonne forêts et cultures, coupe l’ancienne voie romaine Amiens–Saint-Quentin.
Au sommet du Mont, deux curiosités. D’abord, le Monument Australien, en mémoire de la libération du secteur par l’Australian Corps le 30 août 1918 (source : Commonwealth War Graves Commission). Puis, une table d’orientation fraîchement rénovée en 2022. L’ascension réclame un peu de souffle, récompensé par le panorama inégalé dans la région.
Pour ceux qui aiment mêler marche tranquille et pages d’histoire, ce circuit relie le cœur historique de Roye à la campagne et jusqu’au moulin du Sempin, joyau local en pierre blanche du XVIII (privé, visible depuis le chemin). Quelques haltes s’imposent : l’église Saint-Pierre (parfois ouverte en journée), le Château d’eau Art déco rue de l’Égalité, avant de rejoindre les chemins de la Motte où croissent, à la saison, des platanes multiséculaires.
On poursuit jusqu’au ruisseau du Sempin dont les berges ont été restaurées (2017, selon Somme Nature) pour offrir un vrai corridor écologique. On découvre au retour le parc municipal et le vestige, bien caché, de la Porte de Paris. Un circuit parfait pour s'offrir la ville “à petites foulées”.
Ce circuit, discret et parfois un peu sauvage, conduit à travers les bois et sentiers buissonnants du sud de Roye. Au printemps, l’air embaume la jacinthe sauvage. Mais c’est la légende d’un chêne “ensorcelé”, repère des amoureux d’autrefois, qui donne à ce parcours une saveur à part. On y croise aussi, avec un peu de chance, la fauvette pitchou, oiseau rare dont la population en région est stable, selon le suivi des populations mené par la LPO.
À mi-parcours, on rejoint une ancienne mare (autrefois abreuvoir à chevaux), puis on longe le vieux chemin creux du “Cul de loup”. Une boucle confidentielle, souvent fleurie.
Les tracés évoluent avec les saisons et les travaux agricoles : avant de partir, jeter un œil aux informations sur le site du Comité régional de randonnée pédestre de Picardie ou se renseigner à l’Office de tourisme. Pour les allergiques au papier, les circuits sont numérisés (gpx, pdf) sur les applis Visorando ou Cirkwi, régulièrement mises à jour.
Enfin, pas de secret : choisir un circuit, après tout, c’est souvent suivre son envie du jour, son humeur (ou la météo picarde !), quitte à bifurquer un peu.
Derrière chaque sentier se cachent des petits récits, des traces parfois effacées du Roye d’autrefois. Le plaisir de la rando autour de Roye, c’est moins la performance que le goût du détour, la conversation retrouvée, l’œil qui s’attarde sur un tas de pierres ou la silhouette d’un héron. On comprend vite que marcher ici, c’est aussi renouer avec le temps long, ces paysages façonnés par la main de l’homme, parfois sauvages, souvent hospitaliers.
Que vous soyez novice du sentier ou vieux briscard de la godasse, Roye et ses alentours recèlent bien plus de surprises que ne le laissent croire leurs apparences tranquilles. À vous d’en pousser la porte, un pas après l’autre.