1. Place de l’Hôtel de Ville : cœur battant et point de départ
Impossible de commencer ailleurs qu’ici, sur la grande place bordée par l’Hôtel de Ville. Symbole de la renaissance de la ville, l’édifice actuel date de 1925-1927, dans ce style Art déco régional si typique de la reconstruction picarde : briques rouges, pierre blanche, bas-reliefs. La terrasse du café à l’angle est un excellent observatoire pour sentir l’ambiance du samedi matin…
Levez la tête : le beffroi accolé offre une sonorité bien particulière à Roye, avec son clocher qui s’élève à 40 mètres de haut (Office du tourisme). Le premier beffroi ici fut construit en 1212, puis reconstruit plusieurs fois—pièce maîtresse de l’identité communale.
2. Rue Saint-Pierre et commerces historiques
Depuis la place, plongeons dans la rue Saint-Pierre. Jadis artère commerçante du bourg fortifié, elle conserve une atmosphère unique le matin—les pavés résonnent sous le pas, la boulangerie laisse filtrer des odeurs de croissant, et si l’on avance à reculons dans le temps, c’est ici que se concentraient artisans et marchés du moyen-âge à la Belle Époque. Profitez-en pour observer les façades aux traces de reprises et remaniements après les bombardements de 1918—notez les dates discrètement gravées sur certains linteaux.
Une petite anecdote : en 1871, lors de la guerre franco-prussienne, on raconte que les habitants ont caché les horloges publiques afin de compliquer la coordination des troupes ennemies. Les Royens ne manquent décidément pas d’esprit…
3. L’église Saint-Pierre : à la croisée du gothique et du renouveau
Au bout de la rue, se dresse l’église Saint-Pierre, reconstruite après la Première Guerre mondiale (1928-1932). À noter, le porche sculpté reste un vestige du bâtiment d’origine, longtemps daté du XIIIe siècle (Sources : Base Mérimée). L’intérieur surprend par la sobriété de ses volumes : le vitrail central, œuvre des ateliers Gaudin, mérite le coup d’œil lors d’une belle journée.
- La nef mesure près de 45 mètres de longueur ;
- L’ancien clocher servait jadis de tour défensive (XVe siècle)—vestige stratégique, emblématique de l’histoire militaire locale ;
- L’autel néo-gothique a été offert par des familles royennes pour la reconstruction.
4. Sur les traces des remparts disparus
En amorçant la boucle par la rue André-Gide, on croise quelques vestiges moins visibles : ce quartier surélève légèrement la chaussée, marquant le tracé ancien des remparts de Roye. Il subsiste un fragment de muraille rue du Manoir, quasi fondu dans la végétation. Roye fut ceinturée de fortifications dès le XIIe siècle, adaptées à chaque nouvelle vague d’invasion (sources : Archives départementales de la Somme).
Autre curiosité : de vieux plans présentent la ville en “amande”, ponctuée de portes (porte de Paris, porte Saint-Fiacre, aujourd’hui disparues). Tentez d’imaginer l’animation bigarrée d’antan, entre postes de surveillance, commerçants et enfants jouant autour du fossé…
5. Avenue Charles-de-Gaulle et quartier des notables
En rejoignant l’avenue Charles-de-Gaulle, changement d’ambiance. Ce tronçon remplace l’ancienne grande rue du XVIIIe siècle, où se sont installées plusieurs maisons bourgeoises après le Second Empire. Promenez-vous sous les tilleuls : ici, le style néo-classique cède parfois la place à des demeures plus arts-déco, construites dans l’entre-deux-guerres.
- Numéro 12 : façade remarquée pour ses mascarons et pierres sculptées ;
- Ancien tribunal (aujourd’hui espace associatif), dont la salle d’audience a été décorée par des artistes locaux dans les années 1930 ;
- L’étonnant kiosque construit en 1937, à la demande de la société musicale.
Petite statistique : Près de 37 % des bâtiments de cette avenue ont été reconstruits après 1920 suite aux graves destructions de la Grande Guerre (données : Inventaire Général du Patrimoine).
6. Square Faidherbe et jardin secret
La balade nous mène au square Faidherbe, poumon vert du centre, bien connu des générations d’écoliers royens. Installé sur l’ancien emplacement d’un couvent, le parc fut aménagé dès 1922. Foulez ses allées bordées de marronniers : il n’est pas rare de croiser ici des joueurs de pétanque engagés… ou des familles en quête de fraicheur l’été.
Regardez à gauche en vous asseyant sur un banc : un monument commémoratif rend hommage aux victimes royennes de tous les conflits, un détail souvent ignoré des visiteurs pressés.
- Anecdote : selon les anciens, la grotte artificielle au fond du parc servait de cachette aux enfants pendant l’Occupation.
7. Rue du Général-Leclerc et petits bonheurs locaux
Pour conclure, redescendez tranquillement la rue du Général-Leclerc, cœur commerçant par excellence. Entre les vitrines de l’artisan boucher (maison fondée en 1910 !), la librairie indépendante ou la cave à vin, s’invite l’esprit de voisinage qui fait tout le sel d’une petite ville.
- Le Café du Commerce, fréquenté par tous les élus ou presque à l’heure du petit noir ;
- Boutique de décoration gérée par la même famille depuis trois générations ;
- Marché du samedi matin, reconnu pour accueillir des producteurs venus jusqu’aux portes de l’Aisne.
Avant de regagner la place de l’Hôtel de Ville, prenez le temps de jeter un œil aux plaques commémoratives : elles ponctuent discrètement la rue, rappelant l’histoire indissociable de Roye avec celle de France. Par exemple, la plaque à l’angle du 28, rue Magenta, rappelle le séjour du Général de Gaulle en juin 1940 lors de la débâcle.