Les bâtiments reconstruits après 1918 à Roye : découvrir les traces d’une renaissance

8 mai 2025

Un peu de contexte : Roye sous les bombardements


Avant de s’intéresser aux bâtiments qui ont refait surface après le conflit, difficile de ne pas évoquer ce que la ville a subi. Pendant la Grande Guerre, Roye s’est retrouvée au cœur des combats. Occupée dès 1914 par les forces ennemies, elle ne sera libérée qu'en 1917 lors des avancées alliées. Les bâtiments, eux, n’ont pas résisté : bombardements, incendies, pilonnages… Tout ou presque a été détruit.

Selon les archives locales, Roye comptait plus de 90 % de destructions à la fin du conflit. École, église, mairie, habitations… autant dire qu’il ne restait que des ruines et beaucoup à reconstruire. La ville a donc dû se réinventer. C’est dans ce cadre que va émerger une architecture d’après-guerre, marquant cette phase de résilience et de modernisation.

La mairie : un symbole du renouveau


Première étape de notre balade : la mairie actuelle. Elle n'a rien d’un bâtiment d'époque médiévale ou classique, et pour cause : l’ancien hôtel de ville n’a pas survécu à la guerre. Rebâtie dans les années 1920, l’actuelle mairie s’inscrit dans le style typique des années de reconstruction.

On y retrouve des formes simples, avec une touche d’ornementation Art déco, très prisées à l’époque. Les lignes droites, les éléments géométriques et l’utilisation de matériaux modernes témoignent de cette volonté d’insuffler une certaine modernité à la ville tout en honorant ses racines. Cela reflète également un certain pragmatisme architectural, cher aux années 1920 et 1930.

Les églises : entre tradition et reconstruction


L’église Saint-Pierre : emblème d’une foi reconstruite

L’église Saint-Pierre telle que nous la connaissons aujourd’hui date d’après 1918. La précédente, joyau religieux, fut détruite pendant les bombardements. Lors de sa reconstruction, les habitants et les architectes optèrent pour un équilibre entre tradition et innovation. Le clocher fut restructuré dans un style plus épuré, tandis que des matériaux résistants comme le béton armé furent incorporés dans sa structure.

L’intérieur, pour ceux qui ont eu la chance de le visiter, reflète cette sobriété imposée par les contraintes de l’époque, mais la lumière qui inonde le bâtiment vaut vraiment le détour. Un détail intéressant : plusieurs des vitraux actuels sont des hommages à la mémoire des victimes locales de la guerre.

Le théâtre et ses voisinages : littéralement remontés de leurs cendres


Le théâtre municipal, aujourd’hui l’un des lieux culturels phares de la ville, est aussi une autre reconstruction d’après-guerre. Comme beaucoup d’autres bâtiments publics, il avait été rasé par les combats. Mais dès les années 1920, la ville s’est attelée à redonner vie à cet espace dédié à la culture et au rassemblement.

Plus largement, la rue où il se situe a également été repensée. Les architectes ont appliqué des normes plus fonctionnelles que celles d’avant-guerre pour relever ces lieux : rues élargies pour la circulation, façades aux styles uniformisés et avec un souci de sobriété. Si vous passez dans ce secteur, imaginez-le en ruines – c’est impressionnant de penser à tout le travail accompli.

Les halles de Roye : entre tradition locale et nécessité pratique


Dans une région où les marchés ont toujours eu une grande importance, les halles ont une place primordiale dans la vie quotidienne. Elles aussi furent détruites durant la guerre. Les nouvelles halles ont été reconstruites avec l’idée de préserver leur vocation première : un lieu de commerce vivant et central.

Ce qui est frappant dans leur architecture, c’est l’alliance entre des éléments traditionnels, rappelant l’esprit des anciennes halles, et des techniques contemporaines. En utilisant des matériaux modernes comme le métal et en intégrant des espaces lumineux, elles incarnaient ce mélange si particulier de modernité et de respect des traditions locales.

Les habitations : entre urgence et esthétique


Outre les bâtiments publics, une grande partie des habitations fut également reconstruite après 1918. Si l’architecture urbaine garde aujourd’hui une âme uniforme, c’est précisément parce qu’après le conflit, les zones résidentielles ont été pensées pour répondre rapidement aux besoins des habitants tout en tenant compte des standards de l’époque.

  • Les façades mêlent souvent la brique, typique de la région, à des matériaux plus modernes introduits après-guerre.
  • Les toitures en ardoise et les lucarnes que l’on retrouve encore dans certains quartiers sont autant d’éléments qui racontent cette période de reconstruction.
  • Autre détail marquant : certaines maisons comportent des plaques commémoratives ou des ornements symbolisant la renaissance de la ville après les horreurs de la guerre.

Un patrimoine vivant, à transmettre


Se balader à Roye aujourd’hui, c’est comme lire un livre où chaque pierre murmure une histoire. Si les reconstructions d’après 1918 étaient bien sûr dictées par l’urgence, elles sont aussi pour nous un témoignage précieux de cette période de résilience. Nos bâtiments, qu’ils soient publics ou privés, rendent hommage à une époque où il fallait tout recommencer.

On pourrait presque dire que ces architectures incarnent une double identité : elles racontent l’avant-guerre, avec ce qu’il faudrait préserver, et l’après, portées par la sobriété et les progrès techniques de leur époque. Alors, la prochaine fois que vous flânerez dans les rues de Roye, levez les yeux sur ces façades – elles méritent qu’on les regarde d’un peu plus près.

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