Sur les traces de Roye : explorer les archives qui racontent la ville

23 juin 2025

Pourquoi s’intéresser aux archives pour comprendre Roye ?


Avant de se lancer tête baissée dans les cartons, un mot sur l’intérêt d’un tel voyage : les archives, ce n’est pas qu’un plaisir de détective ou de chercheur pointilleux. C’est l’ADN d’un territoire ! Ce sont elles qui nous permettent de comprendre pourquoi notre place d’Armes n’a pas toujours eu ce visage, pourquoi certains quartiers sont nés dans la foulée d’une guerre ou d’une ruée industrielle, d’où viennent les noms de rue, quelles familles ont bâti des dynasties locales ou comment les métiers et la vie sociale ont changé.

Si Roye est souvent associée à son passé marchand, à ses malheurs de la Grande Guerre ou à ses retrouvailles d’après, il existe mille autres récits cachés dans les dossiers, livres de comptes, plans ou photographies. Voici comment les retrouver.

Les archives municipales de Roye : mémoire immédiate et lieu de premiers pas


Première halte évidente : la mairie de Roye, qui conserve depuis le Moyen Âge (ou presque) de précieux registres.

  • Registres d’état civil — Les actes de naissance, mariages et décès sont consultables depuis le 17e siècle (les plus anciens remontent à 1668 pour Roye, source : Archives départementales de la Somme).
  • Délibérations du conseil municipal — Véritable “cahier de bord” de la commune, ces comptes rendus racontent travaux, inaugurations, crises, et même… de petites bisbilles politiques locales. On y apprend par exemple comment, à la toute fin du XIX siècle, la modernisation de l’éclairage public a failli tourner à la bataille rangée entre partisans du gaz et tenants de l’électricité !
  • Plans de la voirie, archives cadastrales, permis de construire — On trace ici l’évolution du bâti, l’expansion des lotissements, le bornage des terres, jusqu’à l’apparition des grands ensembles ou la rénovation du centre-ville après 1918.
  • Correspondances, arrêtés municipaux, bulletins communaux — Ces documents dévoilent la petite chronique quotidienne, l’organisation festive des foires ou, plus récemment, les dossiers sur les bombardements de la Seconde Guerre mondiale.

La plupart de ces documents sont consultables sur demande auprès de la mairie. Pour les pièces antérieures à 1940 — notamment celles qui ont “survécu” aux destructions de la Première Guerre mondiale —, elles sont régulièrement déposées aux Archives départementales de la Somme.

Les Archives départementales de la Somme : la grande bibliothèque du passé royen


C’est au 61 rue Saint-Fuscien, à Amiens, que se cache le plus vaste réservoir de documents sur Roye et sa région (Site officiel). Là, des kilomètres d’étagères abritent :

  • Les séries anciennes (avant 1790) : chartes, rôles d’impôts, terriers (états des biens et propriétés), cartulaires monastiques (notamment des abbayes de Saint-Martin d’Olivet et Saint-Pierre d’Albac), dossiers judiciaires, dénombrements des populations, sentences des baillis — un vivier pour comprendre la Roye du Moyen Âge et d’Ancien Régime.
  • Les séries du XIX et du XX siècles : rapports préfectoraux, recensements décennaux, enquêtes de la reconstruction, dossiers liés à la Première Guerre mondiale (rapports sur les destructions, plans de reconstruction, correspondances avec Albert Guilbert, architecte principal de la renaissance de la ville après 1918).
  • Plans cadastraux successifs depuis leur création en 1831 — précieux pour visualiser lotissements, parcellaires, tracés de rues, disparitions de quartiers entiers (après 1918 notamment).
  • Presse ancienne locale, souvent numérisée : “Le Progrès de Roye” (années 1880), “Courrier de la Somme”, bulletins paroissiaux, petites annonces… De vraies pépites pour qui aime les histoires contées sur le vif.

Note importante : la quasi-totalité du fonds antérieur à 1918 sur l’urbanisme et la vie communale de Roye repose aujourd’hui dans ces archives départementales, conséquence directe des destructions massives de la Grande Guerre (source : Inventaire des archives communales déposées, AD80, 2015).

Les archives notariales et familiales : la vie privée dans la grande histoire


Impossible de comprendre l’évolution fine de Roye sans plonger dans les minutes notariales (contrats de vente, successions, baux, etc.). Ces actes, souvent secs, sont en réalité de petits romans familiaux : qui possédait la brasserie située rue Saint-Nicolas en 1750 ? Comment les terrains de la Place Verte se sont-ils transmis après le siège de 1636 ? Les notaires, pourtant habitués à la paperasse, ont souvent gardé trace de transactions insolites — telle cette vente de “six cochons gras livrés sur la place, le jour du marché annuel”, en 1822 (source : AD80, Minutes Me Jean-Louis Brasseur).

Où les consulter ?

  • À la Chambre départementale des notaires (Amiens), pour les minutes de moins de 100 ans.
  • Aux Archives départementales de la Somme pour les documents plus anciens.

Petite astuce : de nombreuses familles royennes conservent elles-mêmes carnets, livres de raison, photos, correspondances… Les sociétés historiques publient parfois des extraits dans leurs bulletins annuels, à scruter chez les bouquinistes ou en salle de lecture !

Les archives militaires et les récits de guerre : Roye face aux épreuves


Impossible de parler archives sans évoquer les conflits qui ont marqué Roye. La ville, qui fut occupée à plusieurs reprises, a laissé dans les fonds militaires et les témoignages civils une documentation abondante :

  • Dossiers de la défense passive et de la reconstruction : listes de sinistrés, attribution de fonds, plans de relogement, correspondance avec l’État (à retrouver aux Archives départementales, série R).
  • Journaux de marches et opérations des 51 et 87 RI, unités ayant stationné à Roye pendant la Première Guerre mondiale (Centre des Archives du personnel militaire à Pau et Service historique de la Défense à Vincennes).
  • Carnets et lettres de soldats ou prisonniers, parfois publiés en recueils (“Roye sous les obus, 1914-1918”, édition privée chez Jules Lefranc, 1922)
  • Photos aériennes d’avant et d’après le “champ de ruines” de 1918 (IGN, fonds de la Mission Dufour, consultable en ligne)

Iconographie, cartes postales et photographies : Roye en images à travers les âges


Certaines archives disent plus en un cliché qu’en mille rapports ! La région de Roye n’est pas en reste côté iconographie :

  • Fonds photographiques locaux : Le Musée de Roye conserve une collection précieuse de photos anciennes et de cartes postales, couvrant surtout la période 1880-1940.
  • Cartes postales anciennes : De la place d’Armes encombrée d’étals (1912) à la Halle aux grains démolie dans les années 1950, on y voit la mutation du tissu urbain parfois mieux qu’avec un plan.
  • Plans, lithographies, vues d’ensemble : Les plans de Cassini (18 siècle), puis les plans cadastraux ou relevés de l’IGN, permettent d’observer expansion et reconstructions successives.

Pour trouver ces images, on peut s’adresser à la mairie, au musée local, aux Archives départementales (fonds Robert Mallet), mais aussi explorer les sites spécialisés comme Gallica/BnF ou le portail Delcampe (cartophilie).

Des ressources numériques en appui : explorer Roye depuis son salon


À l’heure du web, les archives se digitalisent : une vraie révolution pour les chercheurs… ou les curieux confinés chez eux. Plusieurs sites autorisent une plongée dans les archives royennes :

  • Archives départementales de la Somme : Actes paroissiaux, cadastres, journaux, recensements, plans… une mine d’or — avec possibilité de recherche par nom, date ou quartier.
  • Gallica : Le portail de la Bibliothèque nationale de France permet d’accéder à des livres anciens, journaux, plans, périodiques locaux parfois introuvables ailleurs. Tapez “Roye Somme” et laissez-vous surprendre.
  • Musée de Roye (sélection d’images et d’inventaires d’objets, notamment sur la vie urbaine au XIX siècle)
  • Portail collections du Ministère de la Culture : Base Joconde pour quelques œuvres d’art, sculpturales ou picturales, liées à Roye.

Pour aller plus loin : sociétés savantes et passionnés locaux


Former la mémoire de Roye, c’est aussi un travail d’équipe. La Société d’Émulation historique et littéraire d’Abbeville, ou le groupe local des Amis du Vieil Roye (qui éditait jusqu’en 1995 une revue éponyme), contribuent à collecter, annoter, raconter l’histoire de notre ville. Ils publient de précieuses monographies, recensent les vieux métiers ou les maisons disparues… et organisent parfois des journées portes ouvertes pour feuilleter ensemble quelques carnets perdus.

Roye, une histoire (re)composée au fil des archives


Chaque coin de Roye a ses mystères et ses souvenirs, et c’est dans la confrontation de toutes ces sources — registres, plans, photos, récits — que la ville redevient vivante sous nos yeux. Rien n’est jamais figé : les rues changent, la mémoire évolue, et de nouveaux fonds sortent encore parfois d’un grenier ou d’une mairie voisine. Ouvrir les archives, c’est entrouvrir la porte de toutes les Roye d’hier, à découvrir et à partager, en famille ou entre curieux. Et qui sait, peut-être ajouterons-nous à notre tour une page ou une photo qui fera sourire les chercheurs de demain ?

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