Voilà une sélection non exhaustive (mais déjà gourmande !) de villages proches de Roye où l’histoire se lit en lettres de pierre ou de marbre. À chaque halte, une ambiance, un style, une époque. À explorer à pied, à vélo ou le temps d’un détour dimanche matin.
Fransart : la simplicité d’un hommage
À moins de 8 km de Roye, Fransart, 120 habitants environ, abrite un monument aux morts étonnamment sobre. Érigé en 1920, il porte une inscription : "Fransart à ses enfants morts pour la France". Ce détail se retrouve sur beaucoup de monuments français, mais ici, pas de soldat en armes ou de motifs guerriers : une simple stèle pyramidale, un choix assumé, fruit d’un conseil municipal réuni dès janvier 1919 pour en débattre (Source : monumentsauxmorts.fr).
- Seule fantaisie : l’église voisine abrite un vitrail offert par les familles endeuillées.
Lihons : un village marqué par l’aviation
Plus à l’ouest, à Lihons, on trouve un monument aux morts classique, mais aussi une stèle très particulière : la stèle Guynemer. C’est là que le fameux as de l’aviation française, Georges Guynemer, a disparu lors d’un combat aérien le 11 septembre 1917 (source : Chemins de Mémoire).
- Elle a été inaugurée en 1923, en présence de sa mère, et attire chaque année une cérémonie d’anciens pilotes.
- Lihons rappelle aussi le passage de nombreux aviateurs alliés, et la stèle reste un point de rendez-vous pour les passionnés du “Petit Prince des tranchées”.
Curchy : le carré militaire et la stèle des cheminots
À Curchy, 5 kilomètres de Roye par la route de Paris, le monument principal trône sur la place de l’église, mais l’originalité se niche un peu plus loin. Au cimetière, on trouve un carré militaire regroupant des soldats des deux guerres. On peut y lire les noms : certains sont britanniques, d’autres italiens, témoignant de la diversité des troupes en 1914-1918.
Le saviez-vous ? Une stèle honore aussi des résistants cheminots morts lors de sabotages durant l’Occupation. Une rareté locale, signe d’un passé cheminot dynamique, aujourd’hui disparu. (Source : Mémoire des Hommes et mairie de Curchy).
Fonches-Fonchette : histoire de deux villages réunis
Ce village double est un cas divisé/réunis : l’ancien monument de Fonches fut brisé lors de la Seconde Guerre, celui de Fonchette déplacé lors d’une fusion dans les années 1970. Aujourd’hui, un nouveau monument regroupe la mémoire des deux lieux. Une plaque rappelle qu’au moins 4 civils du village ont péri en mars 1944 lors d’un bombardement des voies ferrées en marge de la Libération, ce qui sort du classique “morts pour la France”.
- On trouve aussi des plaques déposées par des familles, pour des disparus des guerres d’Indochine et d’Algérie, assez rare dans les villages alentours.
Mézières-en-Santerre : la force du collectif
À Mézières, toute une politique de mémoire s’est mise en place dès 1921, avec un comité d’anciens combattants très actif (source : Panoramio). Le monument, sobre, se distingue par une plaque mentionnant la reconstruction du village “reconnaissante à la Nation”.
Un autre détail notable : chaque 11 novembre, la commune adjoint aux traditionnels discours une lecture des lettres de poilus originaires du village, retrouvées dans les archives municipales. La transmission orale y prend de l’importance, preuve que la mémoire n’est jamais figée.
Fresnes-Mazancourt : la mémoire des civils
À 9 km à l’est de Roye, Fresnes-Mazancourt a connu une histoire douloureuse, frappé plusieurs fois lors des deux dernières guerres. Le monument du village porte, fait rare, une liste additionnelle de victimes civiles de 1940 : 7 noms y sont gravés. Mais ici, la mémoire locale s’élargit : en 2010, une plaque a été apposée pour célébrer le centenaire de la mairie-école, soulignant la reconstruction d’après-guerre comme un acte collectif de renaissance.
- Fresnes vit également, chaque 8 mai, une cérémonie à la mémoire des déportés du village, initiative portée par des descendants, preuve que certaines mémoires sont réactivées avec le temps.
Damery : la bataille des clochers
À Damery, le monument aux morts est étonnamment militaire, sculpté d’un casque de poilu grandeur nature ! Il doit sa particularité à un don de la Fonderie du Val d’Osne, fournisseur réputé de monuments à l’époque. Anecdote : on raconte que la concurrence a été rude entre Damery et le village voisin de Liancourt-Fosse pour celui qui obtiendrait le plus beau monument, en 1923. Les archives départementales témoignent de multiples débats... mais c’est bien à Damery que le “casque de bronze” s’est imposé.
Liancourt-Fosse, justement, possède aussi son monument : une stèle imposante orne ce village historiquement agricole et marqué par des réfugiés de mai 1940. Ici, le monument s’accompagne d’un petit jardin de souvenirs, entretenu par une équipe de bénévoles qui organise chaque printemps une collecte de fleurs des champs auprès des scolaires du coin. Le genre de gestes qui fait la différence.